France Antilles

Quand un Croco en liberté croque l’actu…

Article du 18 Mars 2016

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François Gabourg, dessinateur : « J’en ai dessiné des ti kanno ki ka maté! »

Propos recueillis par C. Everard Vendredi 21 septembre 2018
François Gabourg, dessinateur : « J'en ai dessiné des ti kanno ki ka maté! »

François Gabourg souhaite publier pour Noël un livre intitulé « Yoles » , qui reprendra l’essentiel de ses dessins croqués en direct sur Martinique La 1ere. Rendez-vous sur la plate-forme Ulule pour le préfinancer.

Vous suivez le Tour des yoles depuis 9ans pour Martinique La 1ere, quel est votre rôle ?
L’objectif est de faire rire par les dessins. Chaque jour, pendant huit jours, c’est environ 4heures d’antenne, soit plus de 400 dessins en 9ans.
Êtes-vous toujours en plateau avec les animateurs ?
Au début, les plateaux se faisaient sur les arrivées, à la plage. Nous étions vraiment en plein dans l’ambiance, avec les bonnes grillades dans le nez!Nous entendions tout ce qui se passait. Il y avait un maximum de bruit! Pour des questions pratiques et sûrement économiques, les émissions se sont ensuite déroulées à la station de Clairière.
Donc, c’en était fini des grillades. Toutefois, entre temps, les technologies avaient évolué.
Grâce à l’arrivée de petites tablettes graphiques sur le marché, j’ai pu me rendre sur le terrain. C’était une sacrée innovation. Je me faufilais dans la foule, en plein makrélaj, et je dessinais en douce.
Je me demande si nous n’étions pas les premiers, avec Martinique La 1ere, à faire cela, car je n’ai pas vu de cas similaires sur d’autres événements sportifs en France.
Êtes-vous un devenu un grand connaisseur des yoles ?
Il y avait de grands connaisseurs sur le plateau, Camille Alexandre et les consultants.
J’ai beaucoup appris avec eux et en me documentant, mais cela n’a toujours pas fait de moi un grand spécialiste!
Ceci dit, j’ai bien l’abécédaire de l’apprenti yoleur.
Je sais ce qu’est un bois dressé et cela m’a servi dans bien des blagues…
J’aime rebondir aussi sur des faits et faits d’actualité.
Par exemple, j’ai en tête un certain nombre de clins d’oeil faits à Césaire simplement parce qu’une bouée porte le nom d’Aimé Césaire.
Votre livre sera-t-il une compilation de vos dessins ?
« Yoles » sera une compilation de mes meilleurs dessins, mais comprendra aussi des dessins inédits. Ce sera une sorte d’album-photos dans lequel chacun se retrouvera : la marchande, le zayeur, le M. Bodybuilding, la femme bonda maté, le bouden wonm, la « gendarmerîle » , la zorey et ses piqûres de moustiques et le boug ki ka fimé bon zèb, mais on yverra aussi mes compères de plateau, ainsi que des éléments sur ma préparation, mes ressentis. Le livre sera en couleurs, assez grand pour pouvoir apprécier les dessins, mais aussi pratique à emporter.
Qu’est-ce qui vous inspire le plus en direct comme thématique ?
Tout m’inspire, c’est juste une question de concentration. Quand on est à l’écoute, on perçoit plein de choses qui peuvent faire l’objet d’un dessin. J’en ai dessiné des ti kano ki ka maté! J’ai aussi énormément joué sur le fait que les yoles portent le nom de leur sponsor. Pendant le Tour, la mer devient une sorte de grand panneau publicitaire, avec des supporters qui crient à tue-tête des noms de sponsor. C’est cocasse.
Avez-vous des anecdotes marquantes à raconter ?
J’étais dans un bar et, si j’ai bonne mémoire, il pleuvait. Il y avait quelques personnes, mais surtout des gran nonm en train de prendre un feu, équipés de leur habit traditionnel, à savoir casquette, tee-shirt et bouden wonm.
Ils m’ont inspiré et j’ai réalisé un dessin. Ce dessin est passé quelques minutes plus tard sur l’écran de la télévision du bar .Les gars l’ont bien vu, mais n’ont pas réalisé qu’il s’agissait d’eux. Les personnes qui étaient à côté, elles, ont compris. Les individus ne se reconnaissent jamais, car ils pensent toujours qu’on parle du voisin. Et ça, c’est super drôle…
Ces trois dernières années, vous avez sorti un livre par an, sur des sujets très différents. Pourquoi un rythme aussi soutenu ?
Tant que j’ai envie de raconter des histoires, je me laisse tenter. Il m’arrive parfois aussi de vouloir laisser tomber, cela m’est arrivé à plusieurs reprises. Mais je suis une sorte d’éternel optimiste, et l’envie domine. Je repars alors à chaque fois sur un nouveau projet.
Comment sera financé ce livre ?
Ce bouquin doit pouvoir compter sur le financement participatif. Ulule est une plate-forme qui fonctionne très bien.
Dans ce type de financement, les contributeurs mettent beaucoup d’espoir et d’engagement envers ceux qu’ils vont accompagner. Ils ne soutiennent pas à peu près, ils soutiennent vraiment. C’est la troisième fois que je me lance dans ce type d’aventure. A chaque fois, je me dis qu’on sera plus nombreux au prochain projet, mais pour l’instant ce n’est pas évident. Le montant indiqué permet de payer seulement les frais de fabrication et le transport. Je ne serai rémunéré que si le montant est dépassé.
Serait-il possible de financer le livre autrement ?
Ce n’est pas simple. Les organismes qui s’occupent de culture ne sont pas forcément réactifs. De plus, l’autoédition n’est pas aidée, et il est difficile de passer par une maison d’édition, car, localement, elles n’ont pas les reins assez solides pour payer l’auteur. Les auteurs en Martinique ont pour la plupart un autre revenu. En ce qui me concerne, je suis auteur-dessinateur et ne vit que de cette activité. Le financement participatif n’est pas une solution parfaite, mais sans lui, il n’y aurait pas eu « Georges » , ni « Paradis dans fers » .
Qu’est-ce qui peut donner envie aux gens de préfinancer ce livre ?
Ce livre, c’est nous sur une dizaine d’années, avec nos attitudes, nos comportements, nos paroles, nos gestes. C’est aussi cette course très populaire, qui a 34 ans. Dans plusieurs générations, beaucoup de choses auront changé et les gens s’en rendront compte en lisant le livre. Il sera un peu un livre-patrimoine. Il participera à la mémoire des Martiniquais.